AVANT LA PSYCHANALYSE…
Initiée par Sigmund Freud en 1896, la psychanalyse est à l’origine née pour répondre à un besoin : soigner le mental des « fous ». – Ici, ce terme est employé pour désigner les personnes que l’on caractériserait aujourd’hui comme des « malades mentaux », bien que je préfère utiliser les termes de « personnes présentant une pathologie ». – Or, soigner les fous, c’est un besoin qui existait bien avant la psychanalyse.
En effet, les fous sont passés par différentes étapes avant d’être pris en compte par l’analyse. Ils étaient premièrement, au XVIIème siècle, enfermés dans des maisons d’internement aux côtés de toutes les personnes que l’on considérait comme « décalées », en discordance avec les normes sociétales. On y trouvait alors des délinquants, des marginaux, des voyous, drogués, sans domicile… Les fous, que l’on appelait à l’époque les « aliénés », subissaient des traitements bien particuliers : saignées, enchaînements, administration de drogues et de médicaments. Cette période, aussi appelée par Michel Foucault le « Grand Renfermement », a été succédée par la création de l’Hôpital général à Paris, dès 1656.
Philippe Pinel (1745-1826), médecin « aliéniste » et philosophe français, est une des personnalités dont le nom est largement rapporté à la libération des aliénés. Il a proposé de transformer leurs conditions d’hospitalisation, les rendant plus humaines et plus « morales ». Cette transformation a été amorcée en 1793 par l’abolition du traitement par les chaînes – et par la même occasion, des mauvais traitements des internés – ainsi que par l’arrivée du « traitement moral ». Il est l’un des premiers à avoir pensé que les fous étaient des sujets que l’on pouvait écouter, comprendre et tenter de soigner. Il pensait qu’ils pouvaient se libérer de leur aliénation par la parole, à condition que cette parole soit soutenue par l’écoute et la compréhension d’un tiers. La formulation par le langage est ainsi très tôt considérée comme un moyen de désaliénation.
C’est ainsi que William Tuke (1732-1822), philanthrope anglais, a poursuivi le changement des conditions de soins des aliénés en créant la « Retraite » d’York en 1796, établissement recevant les aliénés pour les soigner dans des conditions adaptées et respectueuses tant de leur état physique que de leur état psychique.
Ainsi, c’est après les contributions de Pinel et Tuke que Sigmund Freud (1856-1939) bouleverse les conceptions du traitement de la maladie mentale en fondant une nouvelle technique de soin : la psychanalyse.
NAISSANCE ET DEFINITIONS DE LA PSYCHANALYSE
Freud s’est intéressé à la suggestion, à l’hypnose, puis à la méthode cathartique de Breuer avant de les abandonner une à une et de commencer à façonner tout ce qui sera à la base de la psychanalyse.
En 1896, Freud emploie pour la première fois le terme « psycho-analyse » – qu’il définit comme une « investigation des processus psychiques profonds » dans son texte « L’hérédité et l’étiologie des névroses ». C’est à cette date que l’on associe la naissance de la psychanalyse.
Il définit sa pratique de façon claire et concise en 1922 dans son article « Psychanalyse » : elle est, selon lui, l’un des seuls procédés permettant d’investiguer les processus mentaux dissimulés dans le psychisme humain.
La psychanalyse est une pratique de soins qui analyse la parole du malade et met en évidence les agissements, pensées et symptômes qu’il a refoulés dans son inconscient. Elle se centre particulièrement sur la formulation des souvenirs et des rêves du patient, et utilise une technique bien spécifique que l’on appelle « association libre », visant à laisser le sujet s’exprimer naturellement et spontanément, sans le guider, favorisant la libération d’affects refoulés et permettant donc l’analyse du psychisme du patient. L’analyste laisse alors le patient formuler ce qu’il veut de la façon et dans l’ordre dont il le souhaite sans intervenir pour le diriger et risquer de l’influencer dans son discours. Cette technique s’appuie sur le principe du déterminisme psychique qui signifie que toute idée consciente tient son origine dans l’inconscient.
Avec Freud, le psychisme est devenu un objet d’étude plus précis et mieux analysable.
CARL GUSTAV JUNG ET LA PSYCHOLOGIE ANALYTIQUE
Carl Gustav Jung (1875-1961) est un psychiatre et psychologue suisse. D’abord considéré par Freud comme son disciple, ce dernier le qualifiant même comme son « successeur et prince héritier » (en 1909 lors d’une série de conférences à l’université Clark à Worcester, au Massachusetts aux Etats-Unis), Jung s’éloigne petit à petit de Freud car ils ne partagent pas toujours les mêmes idées. Il est vrai que, bien que Jung intègre de nombreux concepts de la psychanalyse freudienne à sa théorie, d’autres le rendent sceptique : il les conteste et n’y adhère pas. Freud et Jung présentent des désaccords sur plusieurs points, tant théoriques que
personnels, concernant leurs méthodes, leurs pensées ou encore leurs approches.
Il crée alors sa propre méthode en 1913 : la psychologie analytique. Tout comme pour la psychanalyse, la psychologie analytique a pour projet d’analyser l’inconscient. Or son principal objectif n’est pas de soulever des processus inconscients infantiles pour expliquer les conduites de l’individu mais bien de révéler le sens de son âme, de sa psyché (son psychisme). Jung veut d’abord étudier ce qui se joue chez le sujet pour ensuite dégager les représentations issues de son inconscient individuel et de son inconscient collectif afin de provoquer une modification de celles-ci et le faire apparaître tel qu’il est véritablement. Ainsi, la cure en psychologie analytique a pour but d’aider le patient à découvrir sa psyché, à procéder à la révélation de son « Soi » et à se développer par le biais de cette exploration. Ce développement par lequel passe l’individu au cours de la cure, c’est le processus d’individuation.
L’individuation est un processus de transformation intérieure de l’individu, induisant la considération de ses propres affects et conflits psychiques, conscients et inconscients, dans l’objectif de connaître son propre psychisme intégralement. Ce processus permet au sujet d’avoir conscience, d’une part, de son individualité, c’est-à-dire du fait qu’il est un individu à part entière et distinct des autres individus, et d’autre part de son entièreté, c’est-à-dire du fait qu’il est entier et indivisible. Jung pense que le processus d’individuation existe depuis toujours dans l’Histoire des hommes, et qu’il conduit à la maturité.
Dans le cadre de ma pratique professionnelle, je m’inspire à la fois de la psychanalyse de Freud et de la psychologie analytique de Jung pour vous accompagner dans les séances de psychanalyse. A mon sens, toutes deux présentent des postulats intéressants et complémentaires qui peuvent être bénéfiques à l’individu dans sa découverte de lui-même.
LA CURE ANALYTIQUE : POUR QUI ?
Initialement créée pour soigner les personnes présentant une pathologie, la psychanalyse s’est étendue à un plus large public au fil du temps. La cure psychanalytique est ainsi destinée à tous. Au delà des « malades » que nous mentionnions précédemment, tout sujet peut se diriger vers un psychanalyste s’il se sent en souffrance de quelque chose, ou s’il désire en apprendre davantage sur lui-même.
Elle se déroule, pour le patient, en position allongée sur un divan, ou assise confortablement, de façon à favoriser l’association libre. C’est un travail qui se fait sur le long-terme.
COMMENT ÇA MARCHE ?
La psychanalyse est une méthode de soins qui étudie la parole du patient et conduit à la mise en lumière des actes, pensées ou symptômes qu’il aurait refoulés dans son inconscient. Par la méthode de l’association libre, Freud a proposé d’explorer le psychisme du patient. Ainsi les rêves, lapsus, actes manqués, oublis – qui sont des contenus qui trouvent leur source dans l’inconscient et en sont la manifestation directe – deviennent interprétables par le travail de l’analyse grâce au dialogue entre le patient et son thérapeute. Freud s’intéresse particulièrement aux souvenirs et aux rêves dans le discours de ses patients. Les rêves sont, selon lui, « la voie royale de la connaissance de l’inconscient » (FREUD Sigmund, Cinq leçons sur la psychanalyse, Payot, Paris, 1966, pp.38).
L’analyste doit donc écouter l’analysant et interpréter le « contenu latent » – c’est-à-dire le sens inconscient des propos de son patient – qui se dévoile dans son discours, donc à travers ce que l’on appelle le « contenu manifeste ».
DANS QUEL BUT ?
Le rôle du psychanalyste est d’accompagner le patient afin qu’il puisse mieux comprendre sa situation, ajuster ses conduites et réactions, et s’épanouir.
Dans son Introduction à la psychanalyse, Sigmund Freud explique que le but de la psychanalyse est de délivrer le patient de ses blocages en lui permettant de parvenir à récupérer ses capacités à agir, à penser et à profiter de son existence.
Un patient peut donc attendre d’une cure analytique qu’elle lui apprenne des choses à propos de lui-même, qu’elle lui permette de mieux se comprendre et qu’elle le rende plus apte à analyser ses comportements au terme de la cure et dans le futur.
C’est un travail qu’il doit entreprendre avec intérêt et rigueur. Son objectif est donc de dévoiler son inconscient à l’individu et les mécanismes infantiles qu’il a intégrés pour lui permettre de comprendre l’origine de ses comportements actuels, et donc de le conduire à un certain « mieux-être ».
Pour ma part, ayant eu un cursus universitaire à orientation psychanalytique, je pratique la psychothérapie de soutien dans laquelle j’utilise des outils tirés de la psychanalyse, sans pour autant maintenir le cadre instauré par la psychanalyse freudienne (une thérapie s’étalant sur plusieurs années, à une fréquence de plusieurs fois par semaine…).
En espérant que cet article vous ait plu.
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Anne-Laure